La Coopération Agricole française, source d’inspiration pour la Côte d’Ivoire.

Une délégation de 17 hauts fonctionnaires et producteurs en charge de la filière coton/anacarde en Côte d’Ivoire a été accueillie sur le Campus Métiers Nature de Coutances ce 13 juin. Ils ont passé une semaine en France pour découvrir la coopération agricole française et s’en inspirer.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de noix de cajou devant le Vietnam et l’Inde, doublant sa production en 11 ans pour dépasser le million de tonnes en 2023. L’extreme dépendance au marché mondial n’est pas sans impacter les 400 000 producteurs ivoiriens qui ont tout misé sur l’anacarde. Pour cette raison l’exécutif a initié en 2018 le programme PPCA pour mieux maitriser la compétitivité de la chaine de valeur. Ce programme soutenu par la Banque Mondiale a permis l’aménagement de zones agro-industrielles dédiées à la transformation de l’anacarde dont une partie serait destinée au marché local. Ainsi le pays ambitionne de transformer 28% de sa production en 2023, soit 224 000 tonnes.

Si le contexte agricole français n’est pas comparable à celui de la Côte d’Ivoire, nos organisations et outils coopératifs peuvent être une référence à adapter pour les professionnels de la filière anacarde.

La délégation ivoirienne pilotée par Jean-François GRONGNET Professeur émérite d’Agrocampus Rennes, a été accueillie à Paris par « La Coopération Agricole ». Elle a rencontré le CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière, AGRIAL, la coopérative des fermiers de Janzé, la brasserie Lancelot, la Criée de Quiberon, une exploitation légumière, une laiterie, un magasin de producteurs, une CUMA… autant de producteurs engagés, dont quelques anciens élèves du « Lycée Agricole de Coutances », qui s’organisent et décident ensemble.

Sur le Campus Métiers Nature, la délégation ivoirienne a été vivement interpellée par les moyens et l’énergie que nous mobilisons dans la formation agricole des jeunes et des adultes.

Karen SACCARDY directrice : « Nous accueillons tous les âges avec un lycée, une entité d’apprentissage et la formation pour adulte. Sur le Campus nous avons deux exploitations avec un élevage laitier de 65 vaches qui produisent 370 000 litres/an et une exploitation horticole, le tout sur 80 ha. Ainsi nos élèves abordent la stratégie d’une entreprise agricole sur place.

Les lycées agricoles publics se sont développés dans les années 70 sous l’impulsion du Ministère de l’Agriculture et maillent tout le pays. Sur l’établissement nous accueillons régulièrement les professionnels de la région. Nos élèves vont visiter beaucoup d’entreprises ou structures professionnelles pour découvrir différentes organisations et orientations, comme vous le faites. Cela permet de s’ouvrir et de sortir des modèles, pour ensuite faire ses propres choix dans son contexte.

Nous avons cinq missions :

  • Former les jeunes et les adultes
  • Insérer : Que le jeune se trouve bien ici et trouve du travail à la sortie.
  • Animer et développer notre territoire par des actions concrètes avec des partenaires.
  • Expérimenter de nouvelles pratiques sur nos exploitations et dans nos ateliers.
  • Contribuer à la coopération internationale en permettant à nos jeunes de faire des expériences (stages) à l’étranger et en accueillant sur notre établissement des délégations comme aujourd’hui. »

Caroline LELAIDIER directrice adjointe : « Notre établissement fonctionne dans un échange permanent avec le monde professionnel. Il ouvre aussi au monde et à la culture par de nombreuses activités. A l’échelle de notre région, nous sommes 11 établissements et les directions se retrouvent tous les deux mois pour échanger sur nos pratiques pédagogiques, nos formations, nos projets, nos fonctionnements. Tous ces échanges font notre réussite. »

La « coopération agricole » est dans l’ADN de l’agriculture française. Déployée au sortir de la guerre face au défit de nourrir la population, elle se confronte aujourd’hui aux marchés mondialisés.

Hier il fallait développer la productivité, aujourd’hui il faut remobiliser la profession pour garder l’initiative, en France comme en Côte d’Ivoire.